Le nipa aux Philippines, un palmier bien utile !

En voyageant aux Philippines, vous verrez quantité de palmiers… car le palmier est aux Philippines ce que le chêne est à la France : l’essence la plus répandue ! Oui, mais… il y a palmier, et palmier. Cette appellation recouvre en effet plusieurs espèces différentes, dont le nipa. Qu’a-t-il donc de si particulier ? Bien des choses… Le nipa, mode d’emploi :

Un palmier pas comme les autres...

Lorsqu’on voyage aux Philippines, on constate que le nipa est très courant ici, et pour cause… C’est la seule espèce de palmier vivant les pieds dans l’eau ! Il existait déjà il y a 70 millions d’années, et il fut un temps où il poussait entre autres dans cette contrée qui s’appelle maintenant… la France ! Actuellement, on ne le trouve plus que dans le bassin Indopacifique. Bordant les rivières ou les mangroves, il ne laisse apparaître que ses frondes, le tronc étant immergé. Celui-ci pousse à l’horizontale et participe ainsi à la protection du sol contre l’érosion.

Un palmier qui enivre…

Les Philippins extraient à partir de ses fleurs fermées une sève qui contient 10 à 20 % de sucre (contre 3% pour la sève d’érable par exemple). Cet édulcorant naturel constitue un substitut diététique au sucre de canne. Cette sève donne également le vin appelé « tuba » que l’on boit jeune, car il fermente rapidement. Entreposé dans des « tapayan » (jarres en terre cuite) pendant plusieurs semaines, il se transforme en vinaigre (très utilisé dans la cuisine philippine) appelé « sukang paombong ». Le tuba peut aussi être distillé pour produire un autre alcool plus fort, le « lambanog ».

Un palmier bon pour l’environnement, et plein d’énergie !

Cette sève est maintenant utilisée également pour produire un carburant non polluant, le bioéthanol. Le rendement d’un hectare de nipa est de 26 000 litres de carburant, soit 4 fois plus que la canne à sucre, ce qui en fait une source importante d’énergie renouvelable. La production de ce carburant écologique, utilisé pour les bateaux et les machines agricoles, a débuté à l’automne 2014 dans la province de Cagayan (dans le nord de Luzon).

Les « nipa hut », que l’on trouve dans la campagne philippine, sont des maisons traditionnelles couvertes d’un toit en fibre végétale rappelant notre chaume. Il s’agit en réalité de feuilles de nipa, repliées autour d’une tige de bambou et cousues entre elles à la main. Les panneaux ainsi obtenus peuvent, une fois secs, être installés les uns par-dessus les autres pour couvrir la charpente. En plus de protéger de la pluie, les feuilles de nipa apportent une touche décorative naturelle qui donne beaucoup de charme aux maisons traditionnelles, ainsi qu’aux abris que l’on trouve un peu partout au bord des routes, dans la campagne philippine.

Emmanuelle Morin